Les Vaches de la Républiques. Saisons et Raisons d'un Chercheur Citoyen.

Note de lecture par HUBERT Bernard

Ci après, le texte de la Postface de Bernard Hubert, Chef du Département Système Agraire & Développement de l'INRA

 

 

L'ouvrage de Bertrand Vissac n'est pas seulement une analyse réflexive sur les cinquante dernières années de sélection bovine en France, c'est aussi une contribution aux questions qui sont encore devant nous… même si certaines se profilent à grande vitesse ! Successeur de Bertrand Vissac à la tête du département de recherche sur les Systèmes Agraires et le Développement de l'INRA, je sollicite l'intérêt du lecteur afin de m'en laisser illustrer la pertinence, en ces toutes dernières pages…

L'idée de génération animale, en ce qu'elle relie des sociétés humaines et des populations animales, rend compte des situations dans leur dimension historique (l'évolution des systèmes techniques), matérielle (les races) et spatiale (les systèmes agraires). Elle n'est pas seulement une construction qui donne du sens à la sélection animale en la situant pleinement dans son contexte : elle caractérise aussi un niveau d'organisation intermédiaire, spatial et temporel à la fois. Elle identifie en effet des entités intermédiaires se situant entre les niveaux privilégiés aujourd'hui par les sciences du vivant dans leur plongée réductionniste, et les niveaux de l'action politique et sociale. Ce faisant, elle mêle de plus en plus, les niveaux locaux à d'autres, régionaux, nationaux, mondiaux...

Entrer par la génération animale permet donc de faire le lien entre des enjeux englobants, globaux même pour certains, et les connaissances des acteurs et des organisations concernés, impliqués dans des systèmes d'action collective. Car il s'agit bien d'un niveau pertinent à la fois pour l'action collective et pour identifier ce qui peut aider ces organisations et ces acteurs à développer leurs capacités d'autonomie, de conception et de mise en œuvre des voies techniques, institutionnelles et politiques, et ainsi mieux maîtriser leur propre devenir face aux incertitudes générées par ces enjeux.

Cela est parfaitement illustré dans l'ouvrage à propos de la Loi sur l'élevage par exemple, mais cela garde toute sa pertinence au vu d'événement récents qui touchent de plein fouet l'élevage bovin, comme la crise de la " vache folle " en Europe occidentale ou la récente épidémie de fièvre aphteuse qui a touché le Royaume Uni et éclaboussé la France et les Pays Bas.

La première touche particulièrement en France l'élevage laitier intensif et spécialisé, fleuron de la modernité ; elle est exemplaire des questions pour lesquelles la science est vivement interrogée de nos jours : elle interpelle les détenteurs des savoirs scientifiques qui se sont laissés surprendre par l'apparition d'un agent causal inconnu, juste à l'interstice des domaines de la chimie et de la biologie, au lieu même où s'initie le processus de génération du vivant ; elle interroge les acquis scientifiques les mieux établis puisque le prion peut franchir les barrières d'espèces, en infectant gravement les bovins, en générant un variant nouveau d'une maladie identifiée chez l'homme ; elle interpelle les tenants du progrès technologique qui a conduit à l'utilisation mal contrôlée de farines animales pour apporter les nutriments nécessaires, sous forme concentré, à des vaches tellement performantes qu'elles ne peuvent plus subvenir à leurs besoins à partir d'une alimentation plus classique ; elle interpelle enfin les habitudes, qui faisaient que depuis deux siècles au moins, la tremblante du mouton, qu'on croyait avoir bien identifiée et qu'on ne sait plus reconnaître de nos jours de l'ESB - était traitée par la simple élimination des animaux malades … et c'est peut être même là l'origine de tout !

Voilà bien effectivement un problème au cœur des générations animales, qui mêle à la fois la génétique, la reproduction et l'alimentation… En France, l'ESB a touché essentiellement l'élevage laitier, tout en épargnant jusqu'ici le troupeau allaitant, alors qu'au Royaume Uni, à l'origine de la crise des " vaches folles ", elle a touché indifféremment laitières et allaitantes. Dans les deux cas, le troupeau allaitant est important mais si en France, traite et allaitement sont en général pratiquées avec des races différentes - ce que l'on doit à une volonté politique de préserver les identités raciales- , au Royaume Uni, le troupeau de vaches allaitantes est généré par le troupeau laitier à travers le croisement " viande " dit à double étage. Cette pratique, parfois considérée comme un idéal techniciste (cf. 3ème partie de l'ouvrage), a favorisé la transmission de l'ESB par la voie utérine à partir des troupeaux laitiers infectés par les farines animales aux animaux allaitants, pourtant faibles consommateurs de concentrés (cf. chapitre 7). C'est là une dimension significative, tant vis-à-vis des extensions de l'ESB, que de l'efficacité des solutions de protection sanitaire à adopter sur le cours et le long terme.

D'autres problèmes, d'autres enjeux se conjuguent aujourd'hui à celui-ci. Pensons, pour n'en citer que deux parmi d'autres, aux pollutions par les nitrates ou à la recherche de qualité des produits (le regain d'intérêt actuel pour les rendements fromagers de la race Normande par exemple) : dans tous ces cas, c'est bien des populations animales dont il s'agit et pas seulement des individus et des troupeaux, qui sont jusqu'ici les niveaux privilégiés de raisonnement des chercheurs et d'action des opérateurs.

Enfin… pas de tous les opérateurs car ces questions mettent en jeu, non seulement la perceptions qu'ont les consommateurs - de produits laitiers ou carnés - mais les accords internationaux qui conditionnent les développement des produits et des exportations agro-industriels. En témoigne la réticence du Conseil national de l'alimentation à suivre les recommandations de l'AFSSA de ne plus abattre systématiquement tous les animaux présents dans le troupeau dans lequel un animal atteint d'ESB a été dépisté. Il n'est plus question ici de connaissances sur le prion, sur ses modes de transmission, sur l'épidémiologie de l'ESB, sur les techniques d'alimentation et de fabrication des aliments … mais de marchés à l'exportation, de produits alimentaires pour les hommes et d'aliments pour animaux, qui circulent ainsi entre hommes et bêtes et entre bêtes, elles-mêmes, d'espèces différentes ! Le prion n'est pas seulement un agent infectieux, il est bien également le révélateur du fonctionnement d'une société.

La récente épidémie de fièvre aphteuse est une caricature de cette situation ! Le Monde est divisé en deux zones, non pas seulement les pays industrialisés et les pays en développement, avec éventuellement les pays en transition entre les deux, mais les pays indemnes de fièvre aphteuse et ceux qui ne le sont pas. Et sous nos yeux, nous constatons qu'il est bien plus facile de changer de catégorie dans cette partition que dans la première évoquée. Facile, mais coûteux ! En effet, les pays de la première catégorie - les indemnes - peuvent exporter de la viande dans tous les autres pays du Monde ; les autres - les atteints - ne peuvent le faire qu'entre eux… Or, plusieurs d'entre eux sont déjà exportateurs. Bref, les marchés importants sont dans le premier Monde, et pour y avoir accès, il faut être indemne soi-même.

Si on ajoute, qu'on ne peut pas distinguer les animaux ayant acquis une immunité par vaccin de ceux qui l'ont obtenu après avoir été malades (la plupart s'en remettent !), on a vite tout compris : il vaut mieux ne pas vacciner pour garder ses marchés et garantir des animaux au test sérologique négatif. Pour cela, on ne vaccine pas et on élimine les animaux ayant été au contact de la maladie … quitte à éliminer large, voire très large, comme cela s'est passé au début de cette année. C'est ce qu'a toujours fait le Royaume-Uni ; c'est ce qui se fait en France et en Europe continentale depuis 1991. L'Union Européenne a ainsi multiplié par trois ses exportations de viande de porc et presque doublé celles de viande bovine, ce qui a permis de compenser en grande partie l'effondrement qui a suivi la crise de l'ESB au milieu des années 90 . C'est à ce prix que les pays européens accèdent aux marchés asiatiques, nord américains et de la zone Pacifique, preneurs des arrière-mains de bovin et de carcasses de porcs. Et cet enjeu n'est pas sans conséquences pour d'autres, ailleurs dans le monde.

En effet, que deviennent les avant-mains ? Elles sont expédiées vers Afrique mais pour cela, l'Union Européenne doit soutenir financièrement cette exportation afin de rendre la viande européenne compétitive avec la production locale… Nos éleveurs entrent ainsi directement en concurrence avec les éleveurs de zébus ! Peut-on imaginer longtemps que le développement " durable " ici repose sur le sous-développement entretenu ailleurs ? La question de l'approvisionnement alimentaire des grandes villes africaines est un véritable enjeu, qui ne doit pas être strictement régulée par un marché simplificateur, mais doit prendre en compte les complémentarités réelles entre Nord et Sud, les coûts énergétiques des transports, les équilibres entre productions vivrières et de vente, les infrastructures locales et leurs conséquences sur l'aménagement des territoires… On retrouve ainsi, ici également, les systèmes agraires construits par la rencontre entre des territoires en pleine mutation et des générations animales : ceux des sociétés pastorales sahéliennes fondées sur l'élevage des zébus, et ceux des systèmes d'agriculture-élevage mis en place depuis plusieurs décennies à l'occasion du développement de cultures industrielles comme le coton et de l'introduction de bétail trypanotolérant.

Dans ce contexte de mondialisation, force est de constater que les animaux d'élevage n'y sont plus que les pièces d'un jeu dans des accords mondiaux qui, à la fois, exigent une prise en compte du bien-être animal et, s'il le faut, la simple " destruction " des animaux… comme on le dirait d'objets manufacturés usagés ou obsolètes ! Ces accords ignorent tout le sens qui peut être donné à l'acte d'élever des animaux, à orienter le développement du vivant au bénéfice des activités humaines, pour vêtir et nourrir les hommes, et souvent à composer alors avec d'autres forces, celles de la nature… A-t-on à ce point artificialisé notre monde ? Justement non, et l'ESB, la fièvre aphteuse, les OGM dans le domaine végétal -pour l'instant- nous le rappellent à la moindre occasion ! Les rapports des hommes avec le monde vivant ne relèvent pas de la seule instrumentation, chère aux scientifiques. La question aujourd'hui n'est plus de savoir comment maîtriser la nature, mais comment en maîtriser sa maîtrise… Comment convenir des conditions de leur utilisation qui nous garantissent de ne pas avoir créé de toute pièce des objets qui nous échappent et bouleversent à la fois l'ordre des humains et celui de la nature ? L'anthropocentrisme y est pris à son propre jeu …

La recherche n'aurait-elle pas oublié que les rapports des hommes avec le monde vivant ne relèvent pas de sa seule instrumentation sensée avoir un caractère universel, que les techniques sont à la fois culture et matière, et que la connaissance est un processus social ? C'est bien ce que nous rappelle ici Bertrand Vissac, à longueur de pages. Ce n'est pas la même chose que d'envoyer à l'abattoir les produits, bien " finis ", d'un troupeau familier et sélectionné depuis souvent plusieurs générations, que de voir l'ensemble des animaux de la ferme abattu au pistolet, en l'espace d'une journée, dans la cour même de l'exploitation ! Que reste-t-il alors de ce qui fait le sens d'un métier ? Un métier, c'est fait de savoirs et de savoir-faire, de liens sociaux et historiques, de reconnaissance des qualifications.

Quand on remet en cause une certaine division du travail dans les procès industriels, et que le travail et l'emploi deviennent des enjeux stratégiques à l'échelle des nations entières, il est temps de découvrir qu'on a fait de même dans l'agriculture, en se cachant, avec la complicité des professionnels eux-mêmes (ou tout au moins de leurs représentants), derrière l'image d'une libre entreprise ! On découvre ainsi, quand les consommateurs se mettent " en grève " de l'achat de viande bovine, que les systèmes de production tournent à vide : le produit final, ce n'est pas qu'une carcasse reconnue dans un dispositif de qualification EUROP mais des aliments pour des consommateurs qui s'en nourrissent et qui ont aussi des savoirs, des connaissances, des intérêts et des liens sociaux… qui rétroagissent sur ceux des producteurs. A trop découper et instrumenter nous avons perdu de vue ce qui fait système. A trop regarder la " vie " au microscope, nous ne voyons plus les organismes et les organisations. N'aurions-nous pas oublié que les sociétés humaines sont vivantes également, constituées d'être vivants et pensants, en interaction entre eux et avec leur environnement ? N'aurions-nous pas, tout simplement, oublié cette génération animale, pur produit d'interface entre le vivant domestiqué et les humains capitalisant, ici matériellement, leur évolution technologique et sociale depuis le Néolithique ?

Cela interroge également ce qui détermine l'énonciation de " l'intérêt général ". La nouvelle Loi d'Orientation Agricole, tout comme l'Agenda 2000, posent explicitement la question des relations entre les activités agricoles et le développement des territoires. Qu'en est-il aujourd'hui quand s'entrechoquent des intérêts aussi conflictuels entre des marchés mondiaux et un tissu rural fondé sur des activités diverses mais dont la maille dépend de la présence d'activités agricoles ? Contradictions entre une politique nationale qui vise des positions commerciales au niveau international et une politique nationale qui vise à structurer durablement le pays dans son territoire : le maintien de nos campagnes actives, des paysages accueillants pour les résidents et les touristes, le respect de la biodiversité ne peuvent-il dépendre que de tels marchés lointains, à la fois porteurs et enjeux des risques ? La gestion des flux de biens et des valeurs a pris plus d'importance que les conditions de production de ces biens, et que les hommes et les territoires qui leur donnent leur valeur. Que sont devenues les populations issues de cette longue capitalisation que représentent les populations animales ? On découvre, à cette occasion, ce qui a été le produit de décennies de modernisation des circuits agricoles : des porcs du nord-est de l'Angleterre sont abattus au sud-est, contaminant au passage des moutons qui eux sont expédiés au sud-ouest diffusant la fièvre aphteuse dans tout le sud de l'Angleterre, des ovins transitent par la Mayenne entre l'Irlande et la Seine et Marne, des bovins sont élevés dans le Cher, engraissés dans la Manche pour être abattus en Ille et Vilaine, puis consommés dans les Bouches du Rhône, des farines animales circulent entre différents pays pour changer de nationalité … Il faut alors une identification " nationale " pour tous les bovins … pourquoi pas les ovins, les porcins … mais alors, plus c'est complexe et réglementé, plus c'est coûteux et difficile à contrôler ! On peut toujours accuser des fraudeurs dans un tel système, tellement complexe et difficile à maîtriser qu'il y est effectivement possible de tricher … sans se faire prendre. Au moment de la mise à l'herbe des " herbivores ", faudra-t-il interdire la libre circulation des chevreuils et des sangliers ? Faudra-t-il également leur affecter un numéro d'identification national ? Faudra-t-il instrumentaliser le " sauvage " pour avoir trop technicisé le domestique ?

On veut reconnaître la multifonctionnalité des activités agricoles tout en incitant à leur spécialisation. N'a-t-on pas un peu perdu de vue ce qui fait le bien commun et ses procédures d'énonciation dans une société démocratique ? N'a-t-on pas perdu de vue qu'élever des animaux ce n'est pas que livrer du lait, de la viande, des fibres ? La France paysanne est sortie de son " archaïsme " sans que le reste de la société s'en préoccupe beaucoup, mais qu'a-t-on su construire - collectivement - à la place des formes anciennes d'organisation locale ? Qu'a-t-on su construire qui respecte, au Nord comme au Sud, un développement des sociétés humaines qui soit réellement durable ?

Il est temps d'innover en inventant de nouvelles formes de gouvernance de notre alimentation et de notre espace de vie… et peut-on innover sans une contribution significative de la Recherche ? Mais peut-on innover sans que la Recherche s'implique dans les débats sur des questions qui la concernent, au delà de ses clivages disciplinaires, sans qu'elle s'engage avec les autres innovateurs, dans la conception collective de nouvelles manières d'agir ensemble et dans la production des connaissances dont nous aurons besoin pour les conduire ? Des apprentissages collectifs et croisés entre chercheurs et non-chercheurs, une meilleure articulation entre sciences de la nature, sciences techniques et sciences sociales, voilà qui donne toute sa pertinence à la réflexion de Bertrand Vissac ! Et voilà qui donne également tout son sens à ses propositions pour identifier des objets de recherche, comme la génération animale, qui permettent à la fois d'étudier comment les activités d'élevage qualifient les métiers et les savoirs (du producteur au consommateur), structurent les organisations et construisent les territoires, dans des processus historiques que l'immédiateté désincarne sans proposer à la place autre chose que troubles et incertitudes. Ces propositions peuvent déboucher sur des pistes de travail en vue d'identifier des grands types de troupeaux et de races (laitiers, allaitants, mixtes) qui soient reliés à des modes d'alimentation (pâturage d'herbe, ensilage de maïs, rôle du concentré) respectant des cahiers des charges. Des systèmes d'étiquetage devraient alors rendre transparents à des tiers les processus de production eux-mêmes …

Bertrand Vissac cherche comment, en définitive, faire se rejoindre la base et le sommet, pour informer les parties prenantes de ce système complexe à multiples niveaux : c'est-à-dire aider les consommateurs à choisir leur viande, les producteurs à savoir ce qu'ils font et quelles en sont les conséquences et les chercheurs à savoir ce qu'ils cherchent et où le chercher. La recherche, tout particulièrement, ne doit pas se contenter d'une axiomatique du marché, pris comme une caution justifiant n'importe quelle investigation à visée technologique sensée apporter des solutions aux problèmes issus… justement, des limites de nos modèles économiques, comme si toute chose était égale par ailleurs. L'utilisation quasi-exclusive des termes de l'économie, souvent d'ailleurs pris dans leur sens commun, pour traiter des formes d'organisation, individuelle ou collective, de la production, confirme notre carence conceptuelle pour nourrir ce débat à partir de connaissances nouvelles. La recherche doit retrouver sa fonction critique et réflexive, non seulement vis-à-vis des mystères de la nature, mais également de la complexité des affaires des hommes, entre eux et à propos de leur maîtrise des objets de nature. Nous devons concevoir les objets de recherche qui nous permettent de le faire, en privilégiant les niveaux d'organisation intermédiaires de l'action collective -trop peu explorés en ce qui concerne le vivant, et souvent considérés comme relevant de la seule " expertise "- entre le politique d'une part et les niveaux de l'action quotidienne d'autre part. Comme le rappelle Bertrand Vissac, nous devons prendre la mesure de l'extension du biopouvoir dans le domaine du vivant domestiqué, comme l'a si bien fait Michel Foucault pour les humains ; les progrès de la biologie, ces dernières années, et leur implémentation technologique, ne se sont pas fait sans régulations, mais celles-ci n'ont pas fait l'objet des nécessaires investissements de la recherche à l'échelle des micropratiques du pouvoir. Les chercheurs se sont contentés de leurs rôles d'innovateurs dans les laboratoires et d'experts dans des comités, sans voir ni prendre au sérieux que se généraient de nouvelles formes d'intégration sociale au travers des conceptions et de la maîtrise du vivant ainsi que des risques liés au développement technologique. C'est bien une grande leçon dans ce sens que Bertrand Vissac nous donne là, et c'est pourquoi la lecture de son ouvrage est non seulement passionnante mais d'une grande valeur heuristique !

Bernard Hubert

Chef du Département Système Agraire & Développement de l'INRA